
Ça fait un petit moment que je voulais ces chaussures (celles du bas, talons bois).
Ça a commencé par cette photo dans le Vogue de ce début d’année. Puis je les ai vu chez Ithaa et Benetie, et oui décidément, j’en avais très envie.
D’un autre côté, il m’arrive souvent de penser à ce que je voudrais et tout aussi souvent d’oublier. Comme dans la chanson.
J’ai été une vraie fashionista, n’hésitant pas à dépenser un mois de salaire dans une virée shopping de quelques heures. C’était comme ça, il fallait que je « remplisse » ma libido fashion. Malheureusement, le soulagement qu’impliquait la dépense de sommes folles dans de la chiffonnade n’était que de courte durée. Le plaisir, pour être complet, devait être constamment renouvelé.
Puis j’ai grandi, chose que je me refusais à envisager. Peut-être même que j’ai vieilli, là aussi à l’insu de mon plein gré. J’ai évolué.
J’aime toujours autant la mode mais je ne suis plus addicted. Je ne me déguise plus (rien de péjoratif là dedans), ou bien très rarement. Le déguisement est un jeu et ce dernier est l’apanage des enfants. Mais voilà, le temps qui passe tue les enfants.
Du coup, le shopping, j’aime moins. J’ai toutes les boutiques les plus désirables en bas de chez moi, mais je préfère le calme d’internet, le plaisir de recevoir le colis chez moi après la commande. Cadeau fait à moi même.
Je digresse, forcément.
Je reviens donc à ces fameuses, vendues chez Gap, qu’il me fallait, oui, mais pas à n’importe quel prix. Du coup, j’ai laissé filer le temps.
Mercredi dernier, j’ai eu une opportunité. En sortant d’un rendez-vous professionnel, je me suis aperçue que j’étais tout près de cette partie de la rue de Rivoli où sont installés H&M, Zara, Gap et bien d’autres encore. J’avais du temps devant moi. Je pouvais donc musarder tranquille.
Pfffff… Comment j’avais fait pour oublier. Oublier qu’on était mercredi après midi. Et que le mercredi après midi, rue de Rivoli, on ne musarde pas. On crie, on hurle, on compare sa nouvelle coupe de cheveux (crête de poulet sur le dessus et queue de mulet sur l’arrière ou l’inverse), on se bouscule, on tient les vitrines dès fois qu’elles s’écroulent (c’est traître une vitrine, le mercredi après midi), on fait tomber la moitié du contenu d’un portant par terre, on rigole bien et on s’essuie les baskets avec (ça n’avait qu’à pas tomber).
Résultat, je pense que c’est bien la première fois que je sors de chez les suédois sans un sac blanc logoté rouge à mon poignet. Non, même pas une paire de chaussettes à mettre dans mes futures chaussures, rien, que dalle, nada, nothing. L’exploit, en somme.
Je sors du magasin avec la sensation d’avoir échappé de peu à la noyade, à l’asphyxie, à l’inhumation vivante. Phobie de la foule, du bruit. Je prends une goulée d’oxygène, je me dirige vers Gap, c’est sur ma route pour rentrer de toutes façons.
Là c’est beaucoup plus calme. J’avise le contenu des rayons et des portants. Pas de fluo et donc pas de kids assortis. Soulagement.
Je file à l’étage et j’aperçois enfin MON Graal. OK, on frise le blasphème, mais quand même elles sont là.
Très vite pourtant, je sus que c’était raté. Très peu de paires. A vue d’yeux (je ne regarde pas encore avec mon nez), je m’aperçois qu’il n’y a pas ma taille. Mais je peux me tromper. Je soulève toutes les paires, vérifie plusieurs fois, ça m’occupe un petit moment.
Je pensais qu’un vendeur arriverait à mon secours, attristé par mon manège. Mais non, il ne se passe rien.
Je reste plantée là, clone de Julien (Clerc, pas Doré). J’attends, je ne vois personne. C’est pas très beau finalement un Gap, un mercredi après-midi et même si c’est pas encore la nuit.
Personne à la caisse non plus. A un moment, je les ai vu passer. Un, puis un deuxième, l’air très affairé, les bras chargés de basiques tristes.
« Excusez-moi. S’il vous plaît. »
« Je reviens ».
« Je voulais juste savoir si toutes les tailles étaient exposées ».
« Ça dépend ».
« Pour les chaussures. »
« Ah les chaussures, elles sont toutes là, c’est tout ce qui reste ».
Je le savais, c’était forcé. Je sors. Je suis déçue.
Encore un peu plus loin et toujours sur mon chemin du retour, Zara.
Je sais pas trop pourquoi mais autant H&M me convient autant Zara c’est pas ma came. Je n’ai jamais rien acheté chez Zara. Mais là, je suis énervée. J’ai beaucoup donné de ma personne, et je suis bredouille.
Non, je ne chercherais pas un autre Gap pour les avoir, mes chaussures. Même sur le site, elles sont en passe d’être sold-out. C’est un signe, c’est comme ça, c’est trop tard.
Zara ou rien.
L’ambiance est plus calme que dans le nord de l’Europe, c’est paradoxal. Je file à toute vitesse, entre les rayons, les yeux fixés au ras du sol, où sont exposées les chaussures. Je veux des chaussures. Avec des hauts talons en bois. N’importe lesquelles. J’avise plusieurs modèles. J’essaie. Rien ne me satisfait. J’en ai marre. J’ai mal aux pieds, c’est pas l’idéal pour essayer des chaussures.
Puis je les vois. OK. C’est bon, c’est ça. La couleur, mouais bof.
« Vous l’avez dans d’autres coloris? »
« Malheureusement non. »
Tant pis. Y a ma taille. C’est déjà bien. J’essaie, à même la chaussette. Elles sont jolies au pied. La couleur est gaie, après tout. Elles sont pourtant un peu bizarres. J’ai l’impression de plonger vers l’avant quand je marche. Elles ont l’air biseautées. Comme les cartes. Tant pis encore. Je m’en fous. Faut que je m’extirpe de là. Et pas sans rien tant qu’à faire.
Je paie. Je m’en vais. Je suis soulagée.



Version jean basique



- Tee Shirt : American Vintage
- Jean : Diesel
- Trench en daim : Kookaï
Version freaks 50’s




- Chemisier : H&M
- Jupe en soie : Unité – La Redoute
- Ceinture : vintage
- Chaussettes : Timberland
Et comme sur les blogs, cette semaine était celle du tie and dye :
Version j’ai pas pu résister



- Robe : Jean Colonna
- Tee shirt : American Vintage
- Sac : Antik Batik